Boussaid : l'obsession du déficit m'a tuer.
Quelques
raisons derrière le licenciement d'un ex-haut commis de l'État obnubilé par la
maîtrise du budget.
1)
Mauvaise utilisation des dons des pays du Golfe, dont le dernier versement a
été effectué cette année. Cet afflux de ressources a certes amélioré le déficit
public, mais au sacrifice de tout transfert social notable. Résultat :
dégradation des prestations publiques en matière de santé et d'enseignement.
2) La
suppression de la caisse de compensation, grosse bouffée d'oxygène pour le
budget, n’aura servi qu’à atténuer le déficit public, alors même que la facture
énergétique a connu une détente de deux ans. Dans le même temps, cette
austérité contra-cyclique a eu comme corollaire, le gel des crédits budgétaires
assignés à des programmes sociaux comme Tayssir et le Ramed, tous deux
actuellement à l'agonie. Résultat : une population précaire davantage
fragilisée.
3) Penchant trop prononcé pour les exigences de la CGEM. Si tout le monde applaudit à
raison le bilan de Meriem Bensaleh à la tête du patronat, c'est que sa pression
sur le gouvernement a payé. Boussaid a cédé sur le remboursement du crédit
TVA au profit d'une poignée de grandes entreprises aux fondamentaux solides, alors que cette
ressource pouvait irriguer nombre de secteurs sociaux. Autre concession faite à
la dame de fer, l’absence inouïe de tout dialogue social et des
revalorisations salariales chétives pour utiliser une litote.
4) Une
politique budgétaire un peu plus expansionniste dans un contexte de forte
croissance (4,1%) l'année dernière aurait pu flécher davantage de ressources
vers la pléthore de porosités sociales dont souffre cruellement ce pays. Or,
droit dans ses bottes, Boussaid n'a jamais fait preuve d'empathie
vis-à-vis des couches les plus démunies, les privant, comme s'il fallait enfoncer le clou, des retombées d'une contribution libératoire miraculeuse. Conséquence : une école dénuée de
moyens, un nouveau dispositif d’assurance chômage (IPE) tronqué et une politique de
ciblage des aides aux plus précaires jamais enclenchée.
5) La
digitalisation de la DGI a généré des recettes fiscales en très nette
augmentation sur la même base imposable. Cet apport de recettes non programmées
n’aura encore une fois servi qu’à stabiliser le déficit, sans qu’une miette ne
profite à une population exclue des prestations sociales les plus élémentaires.
Boussaid est naturellement passé par là.
6)
Contrairement à ce qui se colporte, la dette marocaine est soutenable. Elle a
même, durant le mandat de Boussaid, engendré par intermittence un solde
primaire positif. Cette marge de manœuvre aurait permis au ministre de lâcher un peu de leste sur
les dépenses publiques, dans une logique de relance. Or, obsédé par le maintien
d'un déficit bas, il a exercé une pression à la baisse sur l'emploi des
ressources, se félicitant même de son orthodoxie dans un pays où les amortisseurs
sociaux sont quasi-inexistants. Résultat : accentuation du chômage et
pérennisation du phénomène des ni-ni.
7) La
levée de tout contrôle et de toute régulation sur le marché des hydrocarbures
suite à la suppression des subventions au fuel, a permis a Boussaid d'empocher
des recettes fiscales exceptionnelles venant des pétroliers. Ayant honteusement
fermé les yeux sur les marges stratosphériques des opérateurs, il a amputé le
pouvoir d’achat des Marocains, provoquant de facto le fameux boycott dont il s’est
permis de fustiger les instigateurs (ces étourdis !) dans des termes dégradants. Encore une fois,
le déficit s'en est trouvé amélioré certes, mais le déclassement de la
population, sa paupérisation, et son désespoir s'en sont trouvés accrus.
8) Là
encore, contrairement à ce qui se dit, ni le FMI, ni la banque mondiale ne
détiennent les cordons de la bourse au Maroc. Si la dette publique pèse 65 % du
PIB, 80 % de celle-ci est intérieure. Elle est le fruit d'un financement national
sur le marché des adjudications, dans un contexte de taux d'intérêt maintenus à
un niveau très acceptable par BAM. Le Maroc était donc à l'abri d'une
fluctuation des taux à l'international, taux eux-mêmes maintenus à un plancher
record grâce au quantitative easing de la BCE. Il y avait moyen de s'endetter
davantage pour combler le gouffre social dont meurent les classes populaires. Boussaid a préféré jouer le maintien du déficit public. Raté !
9) Monstre
de conservatisme, gardien du temple de l'orthodoxie budgétaire, gestionnaire
étriqué dont la méthode confine à une radinerie maladive, il a privé le pays
d'une bouffée d'oxygène ô combien salutaire. Conséquence : des programmes de
développement à l'arrêt ( Hoceima), une demande intérieure en berne, un pouvoir
d'achat massacré et une ambiance malsaine alimentée par un manque de confiance
sans précédent dans les institutions de ce pays.
10) Autre
conséquence : son limogeage (bien mérité).
Adieu,
cher Monsieur, le Maroc ne vous regrettera pas.
Réda Dalil
Commentaires
Bennacer tachafait
Cdt
De prime à bord, une analyse économique scientifique rigoureuse nécessite beaucoup plus de techniques et d'instruments d'a'alyse qu'un simple articld médiatique reprenant les échos d'une Masse loin de toute logique scientifique ou même raisonable.
L'éviction est purement politique, suite à une conjoncture politique et sociale relativement aigue.
Preuve en est aucune poursuite judiciaire et/ou pénale ou Même une reedition des comptes ne lui a
était apposée..!?
Ensuite, j'aimerais par les présents vous faire de ma déception de votre attitude ingrate envers ce Haut Comis de l'Etat, Polytechnicien de Formation au PONTS ET CHAUSSEE, aprés toutes les annèes qu'il a passé au service de l'Etat du Royaume Marocain..!?
Toutefois, un bon nombre d'économistes marocains connaissent et reconnaissent la Compétence de M. BOUSSAID.
Enfin, je voulais vous recommandé de vous retenir un peu des jugements de valeurs tel que "Méritée".et Vous informez que vous êtes loin de représenter tous Les MAROCAINS, pour s'auto-acclamer en leur porte Parole quant au regret ou tous autres opinions. Tous mes respects !!!